Complainte du banc sous les étoiles

Je vous raconterai, mes amis de passage,
Les jours gris de l’hiver et les soirées d’orage,
La course des étoiles au bout de l’horizon,
Les pépiements d’oiseaux, l’envol des papillons.
Je vous dirai aussi le chagrin d’une femme
Un soir de sa vie lorsque s’éteint la flamme
Qui vacillait ses jours et consumait ses nuits
Fantôme somnambule aux pavés de Paris
Et puis encore ceux là de quelques autres gars
Qui noyaient dans le vin leur bel amour défunt
A même le trottoir, couchés dans leurs cartons
Achevant à mes pieds leurs rêves moribonds
Je ne suis qu’un vieux banc usé par les années,
J’en ai vu des amours, sous les arbres abrités.
J’en ai tant entendu des serments de velours,
Des secrets chuchotés, des « je t’aime pour toujours »
Théâtre à ciel ouvert que l’on nomme la Vie
C’est vrai sous les étoiles, il y a de la magie
Mais quand le jour se lève aux petits matins blêmes
Que reste-t-il alors des mots doux, des « Je t’aime »..
Annie K. Barbier La voyageuse sur le banc

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